L’Audi R8 revient en version propulsion, mais sans la série limitée qui va avec : à l’inverse de la RWS il y a quelques années, la RWD est un modèle à part entière dans la gamme R8. Et si elle constitue l’offre la plus basique, ce n’est pas la moins intéressante.
On assiste en ce moment à une course technologique sans précédent dans le monde des supercars. Puissances toujours plus impressionnantes, arrivée progressive de l’hybride, solutions châssis faisant appel à des contrôles électroniques poussés… Nul doute que les supersportives d’aujourd’hui sont de véritables laboratoires roulants. Dans cette tendance, Audi s’inscrit en faux avec sa R8 RWD. En tant qu’entrée de gamme de la famille R8, elle se passe de beaucoup d’artifices qui rendent ses grandes sœurs si désirables. On ne trouve ainsi pas de transmission quattro, pas de suspension adaptative, un simple différentiel mécanique gère la motricité et la puissance culmine « seulement » à 540 ch.
Mais less is more comme disent les Grands-Bretons, et on ne peut pas leur donner tort. En faisant l’impasse sur la transmission intégrale et la suspension pilotée, la R8 perd un peu en polyvalence. La RWD est indéniablement moins confortable qu’une R8 quattro dont on peut faire varier la dureté de l’amortissement, tout comme elle demande un peu plus d’humilité au volant pour gérer la cavalerie. Mais en devenant plus simple, elle replace aussi le plaisir de conduire au sommet de ses prérogatives.
Une chose dont on ne se rend pas forcément compte pendant les premiers kilomètres sur route. Toujours d’une docilité dont devraient s’inspirer bien des autos à vocation plus familiale, la R8 étonne par la souplesse de son V10, discret en bas du compte tours, et par la douceur de sa boîte S tronic à 7 rapports. Mais la suspension sèche spécifique à la RWD a tôt fait de vous secouer si l’asphalte n’est pas aussi bon que celui d’un circuit, tout comme la direction paraîtrait presque collante quand on roule en toute décontraction. Si le doute est donc permis quand on n’utilise que 10 % de ses capacités, il est revanche bien vite levé dès que la route se met à tourner et que le rythme augmente naturellement. En passant en mode dynamique, le moteur se réveille, la boîte devient plus réactive, la direction se veut un peu plus consistante et la sensation de faire corps avec l’auto devient prépondérante. Et dès la première accélération franche, le charme opère à nouveau.
Le V10 5.2 atmosphérique passe d’un timbre rauque à un cri métallique des plus jouissifs, alors que la montée en régime semble interminable jusqu’à la zone rouge perchée à 8 500 tr/min. Quel son ! Ce bloc est l’un des rares à posséder encore un timbre reconnaissable entre mille, autant qu’il offre une vraie mélodie mécanique, pas simplement un bruit d’échappement ou pire, un faux son généré dans les haut-parleurs de l’habitacle. La poussée est certes un peu moins rageuse que sur la R8 Performance dotée de 620 ch, mais qui verra la différence au quotidien ?
De son côté, la soixantaine de kilos sauvée par rapport à une R8 quattro 570 ch ne se ressent quasiment pas. Tout juste le train avant est un peu plus léger et demande à être chargé en virage pour maximiser l’adhérence. Un petit tour sur circuit permet de vite se rendre compte que la magie est toujours au rendez-vous et que le bel équilibre de la R8 est sauf. Et le fait que tous les chevaux ne passent que sur deux roues ne perturbe pas la conduite outre mesure. Le grip est bien suffisant et en roulant propre, les limites d’adhérence sont assez lointaines. ESP activé, quelques petites corrections peu invasives régulent efficacement les excès d’optimismes en coupant les gaz, sans pour autant brider totalement le moteur. Une fois les aides coupés, la RWD devient plus espiègle et autorise même, pour les plus téméraires, à drifter sans vergogne et passer chaque virage en visant le point de corde par la fenêtre latérale ! Dans un cas comme dans l’autre, la R8 est joueuse, facile, engageante et gratifiante.
Malgré des performances de premier plans, la RWD n’est clairement pas une tueuse de chrono. Son truc à elle c’est plutôt de miser sur le ressenti au volant et de vous laisser un souvenir agréable à chaque fois que vous l’emmenez faire un tour. Et en jouant sur les sensations, on devient ainsi moins regardant sur pas mal de points qui pourraient chagriner dans une une auto affichée 147 540 € en coupé et 161 940 € en version découvrable Spyder. Le confort tout à fait relatif ? Pas grave, au moins on s’amuse à son volant. L’ergonomie très mauvaise du système MMI, qui se pilote exclusivement depuis les touches du volant en l’absence d’écran sur la console centrale ? Vite oubliée une fois que l’on a réglé les quelques paramètres dont on a besoin pour son trajet.
L’Audi R8 RWD est une voiture simple, sans chichis, qui prône un retour aux sources vers le plaisir de conduite et le fun au volant. Et si la recette est alléchante, il va falloir faire vite. La R8 est en fin de vie et son avenir est plus qu’incertain, pour dire les choses de manière optimiste. Si une potentielle future version électrique ou un nouveau modèle censé prendre la place de la R8 seraient dans les cartons d’après les rumeurs, il est quasi certain que le fantastique V10 atmo tirera sa révérence avec la génération actuelle de la supercar allemande. RWD, quattro, Performance, Coupé, Spyder… Peu importe la configuration. Si vous pouvez mettre la main sur une R8 récente et peu kilométrée dotée de la transmission S Tronic, ou bien sur une des premières générations gréée de la boîte manuelle, foncez !
August 28, 2020 at 12:00PM
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Essai Audi R8 RWD : plaisir simple - Abcmoteur
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Audia
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